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Rencontre marquante avec une famille karen en Thailande

Rencontre marquante avec une famille karen en Thailande

Mon village préféré en Thaïlande, c’est Letongku où je me rends régulièrement depuis 2001 d’abord en repérage, puis avec des clients. J’aimerais partager avec vous des moments forts qui m’ont marqué notamment la rencontre d’une famille.

Voici les circonstances dans lesquelles j’ai fait connaissance avec Pa wa. J’étais au temple de Letongku lors d’une cérémonie (offrandes, adoration des défenses d’éléphants sacrées) accompagné de deux clients quand un fidèle parlant couramment le thaï s’approche de moi et se montre très curieux de nous.

Il nous pose plusieurs questions, veut voir l’argent que l’on utilise dans notre pays, comment se fait-il que je parle le thaï etc… Cette personne c’était Pa Wa qui spontanément nous invite à diner chez lui le soir même. A cette époque, des clients et moi-même logions chez le chef du village.

La famille de Pa wa et Po é

Lors du repas, Pa wa nous présente sa famille: sa femme Po é et leurs trois jeunes enfants. Le couple a la quarantaine. La fille aînée Panada est habillée d’une tunique blanche signe qu’elle n’est pas mariée.

Po é est originaire de la province de Kanchanaburi plus au sud. Elle est gaie, aime plaisanter.

La maison en bois  est spacieuse, sur pilotis, une lampe à huile éclaire faiblement la veranda. Dans le petit autel familial, des offrandes devant la photo du chaman que nous avons rencontré au temple et devant une image de Bouddha. Po é nous a préparé un repas à base de légumes sauvages, de feuilles et de tubercules ramassés en forêt. Toute la famille est végétalienne ; un panneau devant leur maison indique qu’il est interdit d’introduire de la viande, du poisson, des oeufs chez eux. L’alcool est prohibé.

La cuisine rappelle celle de la Birmanie voisine composée de lentilles, de piments, de fleur de bananier, de soja, de riz de montagne.

Nous mangeons à la lumière de la petite lampe à huile posée au milieu des plats, assis sur des tabourets autour d’une petite table ronde en rotin. Nous goûtons aussi à un dessert à base de riz gluant, de lait de coco et de sucre, le tout cuit dans un tube en bambou. Succulent! Pa Wa m’apprend qu’il a été novice au temple, fabriquait des paniers à offrandes, participait aux rites. Il est très pratiquant.

La plupart des habitants de Létongku cultivent leur riz côté birman car il y a une grande plaine propice à la riziculture inondée, le rendement est supérieur, la qualité du riz excellente.

Autour de Letongku, il n’y a que des montagnes ne permettant que la culture sur brûlis moins rentable. Nous sommes sous le charme de cette famille, nous ressentons une curiosité partagée.

Il faut dire que les villageois ne voient pas souvent des étrangers venus de si loin. Selon Pa wa nous les « farang » les Occidentaux faisons partie de leur famille et notre visite à Letongku est une sorte de réunification de parents dispersés aux quatre coins du monde. Pa wa veut savoir où se situe la France. Nous lui montrons des photos de montagnes enneigées et un livre d’astronomie.

Les questions fusent : « La neige fait-elle mal quand elle tombe» ?

« Pourquoi la lune est-elle pleine tous les 28 jours » ? « Les Américains ont-ils vraiment marché sur la lune » ?

Des voisins sont venus, veulent voir les photos et écouter la traduction de Pawa en langue karen.

Pa wa chique du bétel en permanence comme tous les habitants de Létongku, il nous en propose. Pa Wa m’invite à dormir chez lui la prochaine fois que je reviendrai à Létongku. Pa wa prend le temps de vivre, il nous accompagne partout: dans ses champs, au temple et même côté birman. Nous allons bien sûr ensemble aux cascades souvent suivis d’un groupe de jeunes du village qui nous demandent à ce qu’on les prenne en photo au pied des chutes car ils savent que je ne manquerai pas de les leur remettre quand je reviendrai à Létongku.

Panada, la fille ainée de Pa wa et Po- é est devenue maman. Elle est venue travailler à Bangkok, d’abord comme ouvrière dans une fabrique de bijoux, puis serveuse dans un restaurant près de Bangkok, puis comme aide-soignante pour personnes âgées. Son fils est resté à Letongku élevé par ses grands -parents.

Po- é et sa fille Panada

Depuis le départ du leader spirituel de Letongku en 2011 pour un village voisin situé en Birmanie, Pa wa et Po- é ont quitté leur maison de Letongku pour vivre près du nouveau temple. Je continue à les voir car il est aisé de passer côté birman. La frontière est symbolisée par un simple panneau en bois cloué à un arbre. Leurs deux jeunes fils sont devenus novices dans un monastère bouddhiste à Hpa an dans l’Etat karen en Birmanie. Le couple a donné sa maison de Letongku à la nièce de Pa wa (la fille du frère de Pa wa) mariée à l’adjoint du chef du village.

 

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